Chroniques

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5. Les étiquettes

La brute, le rayon de soleil, le trouillard, le méchant, la timide, celle qui ne sait pas,… autant de qualificatifs apparemment anodins mais qui ont parfois la vie dure et poursuivent la personne durant de longues années entravant le développement d’une partie de soi.

Oui c’est vrai, Michael (14 ans) est brusque avec ses affaires et avec son frère, lui arrive-t-il pourtant d’être plus doux ?  « Mais oui ! » s’exclament ses parents après réflexion, il est si patient avec sa petite sœur ! 

Les appellations données à l’enfant de manière répétée vont influencer son comportement et son développement.  En effet, à quoi bon partager mon chocolat, si de toute façon je suis méchant ! Une fois collées, elles sont difficiles à changer parce que l’enfant croit que c’est vrai et aura tendance à se comporter de manière à le confirmer.  Il ne pourra ainsi développer certains des aspects de sa personnalité. 

Ces mots figent une réalité alors que l’enfant ou  le jeune est en développement permanent. Elles nuisent à l’estime de soi. 

Mylène rigole tout le temps et c’est bien agréable, elle ne montre pas quand elle est contrariée ou fâchée, elle se conforme et rigole, un vrai rayon de soleil ! Aujourd’hui Mylène (30 ans) en a assez, elle veut être prise au sérieux, elle a besoin d’être encouragée à oser n’être pas d’accord parfois, à affirmer ses idées, sérieusement, à découvrir et développer un aspect encore peu connu d’elle-même ! Quant à Victor (9 ans), le trouillard, il peut prendre confiance en lui avec le soutien positif et rassurant de ses parents. Par exemple en lui montrant comment se défendre au lieu de le défendre eux-mêmes et le surprotéger. « Pauvre Victor ! » Devient : « Dis-lui que tu n’es pas d’accord ! » ou « Essaie, je suis sûr que tu vas y arriver ! »

Intervenir sur le comportement au lieu de sa personne permet à l’enfant de savoir que c’est ce qu’il a fait qui pose problème et non pas lui en tant que personne. « Michaël, pas de coup ! » au lieu de « Quelle brute ! », « Je veux que tu partages » remplace « Tu es méchant ! » Ainsi l’enfant comprend ce que l’on attend de lui sans diminuer le sentiment de sa valeur.

Croire aux possibilités de l’enfant, le soutenir en lui montrant ou en lui apprenant à développer plusieurs facettes de sa personnalité, lui faire confiance, permet de sortir des étiquettes limitantes.