Chroniques

Madeline, 13 ans, passe des heures dans sa chambre, la quittant à peine pour les repas. Le désordre ambiant  ne la gène aucunement. Voilà sa maman qui entre dans la chambre pour lui amener son linge.

« Propriété privée !» hurle Madeline encore si douce il y a 6 mois à peine. La maman déboussolée et surprise par la réaction de Madeline ressort en maugréant : « C’est incroyable ce désordre et ces réactions agressives ! Et si je dis quelque chose, c ‘est encore pire… »  Faut-il renoncer ou affronter ? se demande-t-elle.

Pour  Madeline, sa chambre, c’est un peu sa carapace, son territoire, sa protection dans les grands changements qui se produisent en elle. Elle s’y sent en sécurité. A l’intérieur de sa chambre, elle peut écouter de la musique, téléphoner, bricoler, rêvasser, surfer sur son ordinateur,…en toute intimité.

Elle montre aussi symboliquement qu’elle se sépare de ses parents, qu’elle peut faire ses choix, avoir ses propres pensées. Dans sa chambre, elle est maître à bord, obéissant à ses propres règles, d’ailleurs souvent à l’opposée de celles des parents. C’est le début d’une nouvelle forme d’autonomie. Respecter l’intimité de l’adolescent, ne pas fouiller dans ses tiroirs ou lire son courrier, c’est le considérer comme une personne à part entière, le respecter et lui permettre de commencer à mettre une distance entre lui et ses parents.

Quelques jours plus tard, la maman de Madeline retente l’expérience, en frappant cette fois-ci. « Mouais ? Entre ! » Madeline est beaucoup moins agressive, elle n’a plus à défendre son territoire, comme un chien de garde sa maison.

Il leur reste à trouver un accord pour le rangement et le nettoyage de la chambre. Ils en ont discuté hier soir, Madeline est paraît-il prête à s’en occuper chaque samedi à 11h avant toute autre sortie. Cet accord leur convient à toutes les deux, pour l’instant, car avec des adolescents en évolution, rien n’est établi pour très longtemps.